Ci-dit est un groupe de recherche international et interdisciplinaire visant à articuler l’histoire, les théories et les pratiques du discours rapporté.
Paroles anonymes saisies au vol, propos recueillis lors d’interviews, citations d’ouvrages ou d’articles scientifiques à des fins argumentatives, narration de faits réels ou d’évènements de paroles, mises en scène du discours d’autrui, création de dits ou de pensés fictifs, discours rapportés directement ou indirectement, de façon libre ou liée (voire entravée): tous ces « discours » cités repris , déportés, translatés, déplacés, manipulés, reformulés, tronqués montrent une intense circulation (libre-circulation ?) du matériel verbal que la linguistique a recueilli sous l’étiquette « discours rapporté « .
Des premiers travaux de philologues allemands (dont Tobler) aux approches métalinguistiques de Jacqueline Authier, on compte plus d’un siècle d’approches linguistiques et pragmatiques de ce phénomène tantôt restreint aux seules formes grammaticales des discours direct et indirect, tantôt englobant l’ensemble des formes et constructions linguistiques mettant en jeu le rapport à l’autre, qui constituent la partie émergée d’un iceberg discursif profondément hétérogène (formes en selon X, rôle joué par les préverbaux comme prétendu, le conditionnel journalistique, typologie étendue des mousquetaires du DR : Discours direct, Discours indirect, Discours direct Libre, Discours indirect libre, manifestations polyphoniques, etc.).
La constitution d’une bibliographie de référence sur le sujet, pierre de touche d’une approche interdisciplinaire, est le premier pas (et la première circulation de discours comme échange d’informations) d’une entreprise plus vaste visant à articuler l’histoire, les théories et les pratiques du discours rapporté (cf. Laurence Rosier 1998). Notre réflexion théorique puise aux sources de la linguistique de l’énonciation et portera notamment sur la mixité des formes du rapport du dit d’autrui, à partir de corpus ciblés sur les mécanismes des discours qui circulent dans les pratiques quotidiennes (sphère privée ou publique).
Enfin, dans une acception fortement institutionnalisée mais dont les conventions régies juridiquement par les droits d’auteurs diffèrent sensiblement d’une formation discursive à l’autre, nous menons une interrogation épistémologique sur les propres pratiques scientifiques de « citations » dans les différentes disciplines des sciences sociales, humaines, voire exactes (comment linguistiquement inscrit-on visiblement les autres dans nos articles ? En vertu de quelles règles linguistiques ou déontologiques ? Selon quel but rhétorique : sur-assertion, confirmation, polémique, réfutation ? Qui est sur-cité, qui ne l’est guère ou pas du tout ? etc.) et finalement sur le rapport au savoir (le déjà-dit, le déjà-écrit, le déjà-transmis) dans notre société contemporaine où les autoroutes de l’information (autre circulation) rendent « accessibles » une masse de données à gérer, ingérer, digérer. De l’historien, soucieux des sources ettémoignages au philosophe (on pense à l’ouvrage de Compagnon), au théoricien littéraire, au médiologue (pour citer Debray), tout un chacun peut se sentir concerné par cette critique de la praxis citationnelle.
Si ces propositions de travail fédératrices vous intéressent, que vous désiriez y participer activement ou simplement être tenus au courant de nos activités de recherche qui se concrétisent notamment
* dans la rédaction d’une bibliographie de référence
* dans la réflexion théorique au travers de numéros spéciaux de revues, de journées d’études et de séminaires transdisciplinaires, de colloques.
Faites-nous parvenir vos coordonnées afin que nous puissions vous inscrire dans la liste des membres de notre groupe Ci-dit.